La fin d'un squat alternatif briochin en 2004

Publié le par groupe anarchiste jes futuro

La semaine

1997-2004, LE WAGON

De l’exclusion à l’expulsion

Rouge 2084, 28/10/2004



À Saint-Brieuc, le Wagon est un squat culturel alternatif qui existe depuis sept ans. Les pouvoirs publics avaient accepté son existence afin d’éloigner du centre-ville des jeunes qui les gênaient. Mais, vendredi 15 octobre, ils ont été expulsés.





Le 15 octobre, au petit matin, les forces de l’ordre (police urbaine, gendarmes mobiles et GIPN), munies de fusils à pompe, expulsent les jeunes résidents du Wagon, un squat culturel alternatif de Saint-Brieuc. Au lendemain de cette expulsion musclée, une manifestation, déjà prévue, réunissait 600 personnes, laissant (passée la bonne surprise du nombre) un goût amer dans la tête de beaucoup de Briochins. Ces jeunes ont été expulsés avec la même violence qu’ils avaient été exclus et relégués dans un wagon dépotoir insalubre et mortifère. À ce jour, ils campent dans la rue. La situation est ramenée à ce qu’elle était il y a sept ans.

En 1997, le Wagon est créé afin d’éloigner de jeunes « marginaux » des rues piétonnes de la ville. Ils désirent vivre en communauté, on les parque au Légué. Le lieu est insalubre et non sécurisé. La municipalité de gauche plurielle, dirigée par Claude Saunier, le présente comme un logement provisoire. Le provisoire durera sept années. Sept années d’atermoiements, de promesses électorales, de discussions politiciennes et d’hypocrisies. Auparavant dans l’opposition, le maire actuel, Bruno Joncour, rejette catégoriquement toute solution d’hébergement collectif.

Durant sept ans, alors que le Wagon est laissé à l’abandon, les pouvoirs publics assurent que la situation s’améliorera. Un groupe d’intérêt public comprenant la municipalité, le conseil général et la préfecture est créé. Des éducateurs compétents et motivés, mais sans pouvoirs concrets, tentent de résoudre le problème. Les deux préfets précédents étaient favorables à une solution collective.

Le dossier est encombrant, chacun voudrait s’en débarrasser discrètement. D’autant que la nouvelle équipe municipale de droite, ainsi que le conseil général de gauche, aimeraient moderniser le port du Légué. Le Wagon fait tache, dérange. La solution consiste à le « délocaliser ». Le quartier de Robien est pressenti. Mais, à la veille des municipales, le comité de quartier s’y opposant, la gauche plurielle renonce. Un lieu sur l’agglomération ploufraganaise est envisagé. Le site est quasi désert. Mais la municipalité communiste refuse. Enfin, un dernier lieu, à Saint-Brieuc, appuyé par la préfète précédente, est aussi rejeté.

Au fil des années, le Wagon est devenu un lieu culturel réputé et très fréquenté. Il attire un public diversifié car il est le seul endroit du département à proposer des concerts de musiques actuelles, alternatives, et des créations théâtrales. Saint-Brieuc possède des équipements, dont un label, Smac (scène de musiques actuelles), et a les moyens techniques et financiers de produire des concerts. À la différence de cela, le collectif du Wagon n’a pas attendu d’obtenir des subventions. Ces jeunes ont créé leur projet et l’ont pérennisé, sans aucune aide financière. Mais, alors que les projets d’embellissement du port du Lègue se concrétisent, le Wagon, qui ne gênait personne depuis sept hivers, est aujourd’hui proclamé insalubre par les élus de tout bord, par la préfecture et la justice.

Dans « l’urgence », la municipalité privilégie un hébergement individuel éparpillé sur tout le département pour ces jeunes regroupés dans une association. Il s’agit de casser cette dernière en créant une discrimination sociale. Cette solution est inacceptable, ne résout nullement le problème et renvoie les habitants du Wagon à leur errance initiale. Leur exigence d’un mode de vie alternatif doit être entendue. Il faut trouver un lieu collectif d’expression culturelle et de vie, un lieu sécurisé et adapté. C’est ce que demandaient avec eux, samedi 23 octobre, la LDH, la LCR, AC !, la CGT, le G10, la Sage (un collectif de soutien), Jes-Futuro (un groupe anarchiste).



Johanne Toussaint,

Édouard Renard, Sam Burlot



Rouge 2084, 28/10/2004

 

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W
<br /> Merci à toi Johanne,de faire vivre la mémoire de lieu sacré (comme d'autres,si peu...)...j'y est passé pour ainsi dire les meilleurs moment de ma chienne de vie.<br /> <br /> Mort aux cons!!<br /> <br /> <br />
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G
<br /> <br /> Vive les enfants de cayenne à bas de la sureté !<br /> <br /> <br /> <br />